dimanche 17 août 2014


  Au fil de l'eau elle se dandine en amusantes postures, et c'est habillée de sa féline parure qu'elle plonge dans les eaux pures.
Je la quitte en quelques coulées, sur la route cabossée pour Varsovie, Asta je ne t'oublie pas.

Asta la vista...


Daren nous a rejoints, un drôle d'américain devenu estonien.
 Avec sa bière il mâche ses mots, peut-être est-ce l'accent de San Diego ?
Au quart de mon verre je ne le comprends qu'à moitié,
A la moitié de ma bière je le comprends tout à fait.

Nous allumons un feu pour s'endormir à ses pieds, et nous réchauffer de l'orage qui gronde au loin, et repousser les cris d'animaux sauvages devenus voisins.






 Elle prend la tête des découvertes, entr’ouvre les portes rendues secrètes par le temps et s'extasie en chuchotant du plafond trébuchant.
Sur ce damier à ciel ouvert, je suis la reine en diagonale, évitant d'emprunter les marches bancales, je suis fou passionnément, quand elle danse au milieu des débris, espérant être son prochain cavalier, rien que pour cette nuit.


Elle m'avait dit qu'on passerait des jours tranquilles.
Elle m'avait dit qu'on quitterait ensemble la ville.

Alors de sa silhouette légère, elle soulève la poussière des chemins déserts, et de sa démarche enchantée réveille les villages hantés.




Il y a cette balançoire rouge incandescent qui doucement oscille dans ce gris cendré d'immeubles trop vieux pour être souriants.
Elle laisse échapper au vent les derniers cris des enfants, qui agitaient un bref instant, avec fougue, le soufflet rouillé de l'amusement.
Les rires enflammés se sont éteints, et la fumée de l'emmerdement fait maintenant toussoter les voisins.


 Que ce soit au milieu d'un buisson sur l'herbe tendre et le pavé tordu, ou sur le banc ombragé d'un îlot de généreux feuillus, l'homme aime à s'assoupir, laissant briller le soleil sur ses membres fourbus et sa peau abimée par la rue.
 Et au gémissement de la sonnerie urbaine, ils se lèveront non sans peine pour retrouver toujours plus à l'ouest, leur ami fidèle qui se couchera encore avec eux, caressant leurs vestes d'un dernier souffle chaleureux.


Il pleut des pétales au dédale des rues, et les amours suspendus,
entre ombre et lumière, laissent libre les jupons s'ébouriffer aux yeux gênés des briques jalouses, qui secrètement espèrent voir comme elles décrépir la jeune épouse, lassée de son prince et de ses trop nombreux soupirs.


Cathédrale, détail.

Vilnius, église Sainte Anne


En capitaine émérite il tient fermement la barre, maintenant son cape vers les eaux bénites, oubliant que sur son propre navire un homme souffre du mal de sainte mère, ouvrant l'hublot il vomit ses prières, en espérant un jour retrouver pied à terre.




Ses jambes de fer peuvent être fières, d'avoir supporté avec elles tant d'années,
et gravé dans le bois, les noces de chêne de ces dames, qui lentement s'exclament de la pluie et du long temps.
Et quand viendra à manquer l'une d'elles, comme ces lattes arrachées au banc du souvenir, de ces fesses disparues mais encore marquées dans la fraîche peinture, 
elles riront ensemble de cette drôle d'aventure.



Vilnius, dans l'ancien ghetto.




Perché au sommet de la butte médiévale, peut-être attend-il la chute finale ?
Celle qui le fera planer au dessus des toits et de la ville entière, au dessus de la vie et de tous ses mystères.
Mais finalement en ce jour son cœur est trop lourd, il s'écrasera au premier carrefour,
au feu rouge sang de son dernier amour.