dimanche 25 mai 2014


L'harmonica en collier, il dresse sa guitare au poil argenté qu'il caresse d'une main, parfois frêle, parfois féroce. Et sa voix avec elle transperce l'écorce des arbres les plus noueux. Sur ceux là sans doute, qui laissent tomber à ses pieds deux ou trois feuilles dorées, il n'ira plus pisser, ou seulement quelques gouttes. 
Extrait sonore :






Tapis rouge et pertes d'appuis, au réveil circassien la piste est ronde, et les mères fécondes maintiennent par le sourire leur gamin, dans un équilibre incertain.
Un cerceau, une assiette, un fil, un père défilent en charivari, étourdis par les cris des petits, d'un foutoir devenu grand.
 Agile et lourde, de sa flèche elle a tricoté en fils d'acier, sa longue jupe aux motifs croisés, qu'elle laisse au vent vicieux, impossible à soulever. 
La mouette rit du vieux Möwe, pêcheur retiré à la peau écaillée. 
Ici et là des tâches de rouille rident son front, plissé par le souvenir salé des tempêtes écumées.
Son filet en vieille culotte décousue, c'est certain ne lui servira plus. 
En mer du Nord, dors tranquille vieux Möwe.  

Sur le port de Rosotck (Allemagne)

Le pont est ciré, maquillée comme une jeune chaloupe voilée, de la proue à la croupe, Santa Barbara a retrouvé la santé, et de satisfaction étire ses mâts, déliant ses poignets, remuant ses cordées dans l'azur léger d'un mai retrouvé.


Des mots crachotes de la bouche bavarde d'une langue étrangère pleine de salade et de mie. De ce pain là je mangerai jusqu'au prochain abris, trempé dans un bouillon fadasse d'eau de pluie.


Ambiance :


Le rideau est tombé, au milieu de la scène aquatique je patauge entre mer et ciel réunis pour l'occasion dans l'horizon gris. À l'unisson mes mains giflées se crispent en glaçons, la chaire rougie par le fouet de la pluie. Humeur désagréable de mon costume noir imperméable, cercueil dans lequel on fait fi des intempéries. Et à la flotte tombe mes croquis, la redingote pendue au comptoir de l'ennui.

samedi 10 mai 2014



Au rayon des orgies vélocipèdes, pour se mettre en selle au voile des grandes roues, rare sur la béquille sont ceux qui se maintiennent dans la ligne du garde debout. Pédales liées , dynamos grillées aux tambours battants, le frein cède, et au premier coup de sonnette le passant s'arrête, piétine, trépigne de tous ces déraillements. Au moyeu de leurs chambres creuvées finalement s'en vont tristement les nouveaux piétons.

Au pied de la demeure, se laisse porter par des flots mollassons de charmantes embarcations aux occupants d'une variété à faire rougir le vieux Noé : Ici robes de gala et cravatés bullent à leur champagne qui fièrement trône au milieu de la table. Là une grappe de bruyant hollandais gesticule et laisse échapper par dessus bord quelques gouttes de bière à la mer. A tribord c'est aux longues vues de leurs appareils réflex que des touristes crient au monument droit devant en le pointant de l'index. 
Et dans le sillage, la brique rouge espère, une nuit plus sage.
 
D'Utrecht à Amsterdam, vous y arriverez d'une façon peu originale : en longeant le canal.
Avant cela n'hésitez pas, si le temps mauvais vous presse, à vous laisser griser de vitesse sur une laide mais directe autoroute à bicyclette. 

Pour occuper ce vide, suivez le guide, de cette rampe qui dans votre main, volontiers vous fait valser dans une vrille d'appartements aux lendemains menacés. Des bruits sourds des marches en bois lourd, aux carreaux finement décorés des toilettes de palier qui se dérobent sous un pied peu rassuré par le dernier cri de la minuterie, on me laisse dans la pénombre retrouver mon simple lit. 
Avec ma lampe au chevet, nous ne sommes plus que deux.
 Les fleurs poussent au milieu du pavé et détournent les regards, perchés pour la plupart, sur les fioritures d'une envoutante architecture.




Bruxelles et sa Grand Place, où fourmillent puis s'éparpillent en cliquetis continus les appareils des touristes photographes, qui le cul en arrière, s'extasient des belles perspectives de ces lignes droites qui ce jour grattent le ciel bleu.

vendredi 2 mai 2014



S'engage alors une visite plus culturelle d'un Lille (trop) accueillant, et c'est donc cette après-midi que je décide de retrouver la Belgique, déjà rencontrée en partie ici par ses fameuses brasseries...  


Première visite guidée du commissariat lillois où m'accueille une équipe de haut vol. Le bleu de la réception se fait matraqué de "réflexions" par sa direction, et faute d'isolation le spectacle est assuré pour toutes les personnes ici rassemblées. Le sourire jusque là envolé avec mes papiers revient, pour un instant trop court cependant, quand l'agent reprend son discours :

"Elle était plutôt du genre Romano ?"

"Heu...Nan"

"Bah Clodo alors !"

"Non plus..." 



A Lille, au soir, arrivée en cœur de ville pédalier battant d'une longue étape où mon hébergeur m'attend. Dix minutes, je patiente, une légère bousculade se présente et bien bête je m'excuse à ma pickpocket.

Lens, au pied des terrils abandonnés, rend la mousse sur les toits fertile et fait cracher les tuiles des charpentes décharnées.

Arras, sur la plus grande des places.




C'est le lendemain qu'Amiens se dévoile, façades fières et dorées par un soleil peu rancunier. 


 Et Rouen se dessine, au centième de ses clochers.



Notre Dame des Victoires sur la vie, était sans y croire, ce jour avec lui.

J'espère pouvoir le remercier par ce portrait de mémoire qu'il perd depuis son accident, où c'est encore saignant qu'on lui raccommoda bifurquant par  l'aisselle, son poumon défaillant. La manœuvre fut longue dit-il mais belle, tandis qu'on lui perçait boîte crânienne pour une convalescence plus sereine.


 " Dis toi qu 'on se connaît depuis le lycée", c'est ainsi que Bastien m'invite pour la nuitée. 

La grêle soudaine inonde mes souliers, et le tonnerre les fait trembler. 
C'est frêle que je me réfugie en terrasse couverte pour essorer las mais rassuré mes deux pauvres godasses bien imbibées. Le café qu'on m'offre est serré, et le jus de mes chaussettes sitôt enlevées goutte sous le regard amusé du jeune habitué, abreuvant ainsi sa curiosité.
 

Vers le Nord donc je m'échappe lentement des routes qui serpentent au pied des prés verts de la région de Camembert.